Jeune passionné d'informatique, habitué à bidouiller des lignes de codes depuis ses 15 ans, Christophe Balestra a envoyé, avec un peu d'audace, son curriculum vitae dans l'un des plus importants et surtout influents studios de jeux vidéo au monde : Naughty Dog, à Santa Monica, aux États-Unis. Trois ans après avoir rejoint l'entreprise en tant que programmeur, la direction lui propose la co-présidence !
"Ah non, je ne paie pas moins d'impôts !"
Pour gravir les échelons aussi vite, il a dû travailler beaucoup, bien sûr, faire preuve de créativité, mais aussi faire quelques sacrifices. "Il faut savoir travailler dur pour pouvoir faire quelque chose de grand", dit-il. Aujourd'hui, le Français de 38 ans a plus d'une centaine de personnes sous sa coupe. Sa plus grosse réussite, la saga Uncharted, s'est vendue à plus de 17 millions d'exemplaires. Le prochain bébé de Christophe Balestra, The Last of Us, est l'un des jeux les plus attendus de l'année.
Comment se sent-il lorsqu'il revient en France ? "Plutôt à l'aise. C'est vrai que cela fait du bien de temps en temps de revoir la famille, les amis, et de profiter aussi de la bonne bouffe", confie Christophe Balestra au micro de Yves Calvi. "Maintenant, ma vie est surtout aux Etats-Unis. J'y ai désormais ma propre famille et mon boulot", ajoute-t-il.
Plus de soleil et moins d'impôts ? "Ah non !", rétorque l'intéressé à propos du deuxième point. "Je paie autour de 55% à 60% d'impôts. Ce n'est pas rien !", confie-t-il. "Le succès que j'ai eu là-bas n'est pas simplement lié à une question d'imposition", insiste-t-il, mettant en avant la "différence de mentalité".
Son équipe et ses projets
Christophe Balestra est aujourd'hui un symbole de réussite française dans un univers mondialisé et très concurrentiel. Son choix par les Californiens, il l'explique d'abord par son tempérament. "Je suis quelqu'un d'assez direct (...) J'ai toujours agi par instinct, sans trop réfléchir", ajoute-t-il. Pour lui, le talent passe avant tout par la passion.
Ce qui le touche le plus dans son univers de travail ? "Les gens avec qui je travaille", répond Christophe Balestra du tac au tac. "Je dis toujours que si vous donnez une idée moyenne à une équipe bonne, le résultat sera bien. Mais si vous donnez une bonne idée à une équipe moyenne, ils en feront quelque chose de moyen", démontre-t-il. Ce qui le passionne aussi, c'est ce qu'il apprend de nouveau auprès de son équipe.
S'il n'avait qu'un conseil à délivrer à ces jeunes Français qui rêvent de devenir eux aussi créateurs de jeux vidéo, c'est de nourrir des "projets personnels". Cela passe d'abord par une création à petite échelle entre amis. Des amis qui, grâce aux nouvelles technologies, peuvent communiquer en tous points de la planète. Il prend l'exemple de son fils, qui s'est mis à programmer, et qui travaille avec une personne basée à Hong-Kong.
"Petite tension" en France
S'il avait retenu une chose dans sa carrière, c'est l'échec. "C'est quelque chose qui est constant dans une réussite. J'ai appris à accepter l'échec de manière quotidienne", explique Christophe Balestra. "Il ne faut pas se cabrer contre cela".
A propos du complexe franco-français de dépression permanente, il avoue ressentir "une petite tension" qui parcourt notre pays. "Être émigré, c'est une très bonne expérience. Ça permet de se détacher de pas mal de choses". Le message est lancé.
L'interview de Christophe Balestra par Yves Calvi :
Christophe Balestra : "Le talent, c'est bien, mais tout passe par le travail !"